L'alimentation est au cœur de la prise en charge de tous les types de diabète sucré : diabète de type 1, diabète de type 2 et diabète gestationnel.
Après le diagnostic, un suivi diététique et nutritionnel est fortement recommandé pour tous les sujets diabétiques. Il permet de déterminer le régime alimentaire à suivre, de donner les bases d'une alimentation saine, variée et équilibrée, de garantir des apports nutritionnels suffisants et de respecter l'état de santé spécifique de chaque patient.
Bon à savoir : la modification des habitudes de vie (alimentation activité physique, diminution de la quantité d'alcool consommée, etc.) serait associée à une diminution du risque cardiovasculaire à 10 ans comprise entre 44 et 61 % selon ce qui est mis en place.
Bases d'une alimentation variée et équilibrée
En prévention ou dans le suivi de tout diabète sucré, une alimentation saine, variée et équilibrée est essentielle pour réguler au mieux la glycémie.
Les progrès de la médecine ont permis, au fil des années, de limiter les restrictions alimentaires pour les personnes diabétiques. Pourtant, il reste indispensable d'observer des règles simples d'équilibre alimentaire, qui sont d'ailleurs recommandées même aux sujets non-diabétiques.
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Tout d'abord, il faut penser à équilibrer ses apports en glucides, lipides et protéines, les trois grandes catégories de macronutriments. Aussi, d'une manière générale, il faudra respecter les proportions suivantes :
- Les lipides doivent représenter 30 % de l'apport calorique global.
- La consommation de protéines doit se situer entre 15 et 20 % de ce même apport.
- Quant aux glucides, ils doivent être consommés à hauteur de 50 à 55 %.
Comme les glucides doivent constituer la moitié des apports alimentaires de la journée, il est impératif de bien les choisir, en respectant les consignes suivantes :
- Privilégier les aliments d'index glycémique faible ou moyen : légumes secs et graines sauf les fèves, pâtes peu cuites, riz basmati, pain complet, fruits de saison.
- Éviter les aliments d'index glycémique élevé : riz à cuisson rapide, pommes de terre à la vapeur ou en purée, pain blanc, flocons de céréales, viennoiserie, etc.
- Limiter fortement ou supprimer tout apport de sucre en dehors des repas : boissons sucrées, sucre de table dans le thé ou le café (remplacé au besoin par un peu de miel), confiseries.
- Varier les sources de glucides.
Ainsi, afin de composer des menus répondant à tous ces impératifs, d'autres recommandations sont à connaître :
- Pour prévenir les maladies cardiovasculaires, réduire l'apport en lipides et privilégier les bons acides gras (notamment en limitant la consommation de graisses saturées).
- Augmenter les fibres alimentaires, surtout les fibres solubles (elles favorisent le transit intestinal et limitent ainsi l'absorption des sucres).
- Augmenter l'apport en substances antioxydantes (particulièrement présentes dans les fruits et les légumes frais).
- Limiter autant que possible la consommation d'alcool.
- Ajuster l'alimentation en fonction de son poids et de l'intensité de l'exercice physique pratiqué.
Apports nutritionnels chez les diabétiques
Alimentation des diabétiques de types 1 et 2
Globalement, les apports nutritionnels des personnes diabétiques doivent être les mêmes que pour tout individu : une alimentation saine, variée et équilibrée est de mise. Les apports recommandés doivent répartis de la façon suivante :
- 50 à 55 % de glucides (hydrates de carbone), dont un dixième au maximum sous forme de sucre ;
- 30 à 35 % de lipides ;
- 10 à 15 % de protides.
Le choix des aliments sera aussi varié que possible. Sauf en cas de surpoids, le niveau d'apport calorique quotidien est au moins égal à celui d'un sujet non-diabétique. Il est déterminé en fonction :
- de l'âge ;
- du poids ;
- de la période de croissance ou non ;
- des activités physiques ou professionnelles.
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Chez le sujet diabétique en surpoids, les apports caloriques doivent être légèrement diminués ou ramenés à un niveau normal d'environ 2 000 à 2 200 calories chez le sédentaire, jusqu'à 2 500 calories chez le travailleur manuel ou le sportif. Le but est de provoquer une perte de poids lente et très progressive pour ne pas favoriser l'effet yoyo.
L'ensemble de la ration quotidienne doit être pris en trois repas au moins, équilibrés en apport calorique :
- un petit-déjeuner équilibré et suffisant ;
- un déjeuner ;
- un dîner.
Une ou deux collations peuvent être ajoutées, nécessairement chez l'enfant, chez l'adulte en cas d'activités physiques le soir, ou lorsque le délai entre le petit-déjeuner et le dîner est long.
La régularité des horaires est recommandée, en particulier pour les patients diabétiques de type 1 ou les patients traités par insuline. Il est capital de ne pas sauter de repas. Aucun repas ne doit être exempt de glucides, sous peine d'hypoglycémie et il faut privilégier les fibres (fruits et légumes) et la variété (féculents complets à faible index glycémique).
Bon à savoir : si on en croit les travaux du chercheur anglais Roy Taylor, consommer maximum 700 calories par jour pendant une dizaine de jours permet de normaliser sa glycémie (surtout valable chez les personnes en surpoids). Concrètement, cela suppose de prendre des substituts de repas de 160 calories deux fois par jour et un repas normal le soir en mettant l'accent sur les légumes verts (haricots verts, brocolis...) et de la viande blanche.
Alimentation en cas de diabète gestationnel
L'apport énergétique quotidien chez une femme de poids normal doit se situer entre 2 000 et 2 200 calories par jour, un niveau équivalent à une alimentation modérée en dehors de toute grossesse. En cas d'obésité, le niveau calorique est abaissé à 1 500 calories par jour.
Quelques règles simples sont à respecter dans le cadre de ce régime :
- La ration quotidienne est fragmentée autant que possible : au moins 3 repas et 2 ou 3 collations.
- Les gros repas sont à proscrire, il faut privilégier la répétition de petites prises alimentaires qui feront moins monter la glycémie.
- Chaque repas doit comporter des végétaux riches en fibres qui étalent la digestion des glucides.
- La répartition des nutriments doit rester équilibrée.
- Les glucides sont répartis sur l'ensemble des prises alimentaires, toujours associés à des aliments non-glucidiques (viandes et poissons, légumes) pour abaisser l'indice glycémique du repas.
Bon à savoir : chez les femmes ayant des antécédents de diabète gestationnel, et qui présentent donc un risque supérieur de développer un diabète de type 2 ultérieurement dans la vie, plus la durée d'allaitement serait longue, plus ce risque diminuerait.
Prescription d'un régime alimentaire spécifique
En dehors des recommandations nutritionnelles générales, les sujets diabétiques en surpoids peuvent se voir prescrire un régime alimentaire particulier, destiné à réguler le poids corporel. Cela est d'autant plus important qu'une perte de poids de 15 % ou plus a le potentiel de ralentir la progression de la maladie et même, chez certains patients, d’entraîner une rémission du diabète.
Source : symposium Easd-Lancet ; intervention du Dr I. Lingvay (États-Unis) co-auteur de l’essai « Direct ».
Le médecin, le nutritionniste ou un diététicien peut définir avec le patient un régime adapté à ses besoins, reposant sur les caractéristiques suivantes :
- une alimentation équilibrée en consommant en priorité des fruits et des légumes à index glycémique bas, des aliments biologiques et complets, des protéines animales et/ou végétales (1 à 2 fois par jour, en introduisant le poisson frais deux fois par semaine) ;
- une diminution de la consommation des aliments contenant des matières grasses (graisses animales saturées notamment), du sucre ajouté, du sel (produits transformés tels que les plats industriels) ;
- une augmentation de la consommation d'aliments riches en fibres ;
- l'activité physique régulière (minimum 2 h 30 par semaine).
Bon à savoir : le champignon shiitaké (lentinus edodes) est connu pour jouer un rôle préventif sur le diabète de type 2, mais il aide aussi à faire perdre du poids en augmentant la satiété et la glycémie postprandiale.
Il faudra également veiller à prendre en charge une éventuelle maladie parodontale car ces dernières peuvent aggraver un diabète. À noter que la prise en charge d'une maladie parodontale (gingivite ou parodontite) chez une personne diabétique permet, au bout de six mois, une réduction très significative de la glycémie.
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Compléments alimentaires et diabète
Une alimentation variée et équilibrée suffit généralement à couvrir l'ensemble des apports nutritionnels quotidiens. Néanmoins, dans certains contextes spécifiques, des compléments alimentaires ou suppléments nutritionnels peuvent être conseillés.
Parmi les compléments proposés aux sujets diabétiques, se trouvent notamment :
- Le chrome : on en trouve aussi dans les céréales complètes et les coquillages.
- Le zinc, un oligo-élément indispensable à un grand nombre de réactions enzymatiques et intervenant dans le stockage, l'utilisation et la libération de l'insuline, sachant que l'alcool, le stress et la pilule contraceptive contrarient son action. On en trouve principalement dans les fruits de mer (huîtres) ou les champignons.
- Le cobalt, qui est hypoglycémiant, car il diminue la concentration de sucre dans le sang : on en consomme via la vitamine B12, elle-même présente dans la viande, le foie, les fruits de mer et les poissons, et dans une moindre mesure dans les légumineuses et les légumes à feuilles vertes (épinards, blettes, laitue, chou, etc.).
- La vitamine D, qui réduirait le risque de diabète de type 2, retarderait son apparition chez les personnes en prairédiabète et renforcerait la probabilité d'un retour à une glycémie normale.
- Le magnésium, dont un déficit peut participer à la résistance à l'insuline chez les diabétiques de type 2 : on en trouve en quantité dans les légumes verts, les céréales complètes, les oléagineux, les légumes secs et le chocolat noir.
- Le potassium, qui favorise la tolérance des glucides : on en trouve dans le cumin, la coriandre, le poivre noir, le gingembre, le curry, le persil, mais aussi dans les figues ou les dattes.
- La spiruline, qui permettrait de lutter contre le syndrome métabolique en améliorant de façon significative la glycémie à jeun, en faisant légèrement baisser l'insuline mais surtout en faisant baisser de façon importante les lipides. La dose la plus efficace semble être 4 g par jour (source : Hamedifard z et al., Phtyotherapy Research, 2019 DOI : 10.3390/nu11112624).
- Une nouvelle recherche aurait démontré auprès de patients pré-diabétiques que la consommation quotidienne de 500 mg de cannelle permettrait de limiter la hausse de la glycémie après les repas et de la ramener plus rapidement à son niveau de référence.
- Le safran, des études cliniques montrant ses effets bénéfiques sur les facteurs inflammatoires dont on sait qu’ils sont largement responsables du syndrome métabolique et du diabète. Dans une étude datant de 2018, on observe une baisse du cholestérol total et des triglycérides, mais aussi de l’hyperglycémie. L’ensemble de ces résultats semblent inciter son utilisation comme adjuvant de traitements antidiabétiques classiques.
De nombreux compléments alimentaires permettent de rassembler ces oligo-éléments et minéraux, mais une alimentation variée permet également d'en faire le plein.
Erreurs et fausses idées reçues sur l'alimentation des diabétiques
Trop d'idées reçues circulent encore sur l'alimentation des sujets diabétiques. Il est important de savoir qu'il est fortement déconseillé à une personne diabétique de :
- sauter un repas ;
- ne pas manger à cause d'une fièvre ou d'une gastro-entérite ;
- décaler un repas ;
- prendre un repas sans glucides.
Par ailleurs, voici quelques fausses idées reçues :
- Le sucre est interdit : FAUX. L'apport en sucre ne doit pas dépasser 1/10 de l'apport en glucides, soit 20 à 25 g par jour, dans les produits consommés au cours de repas : viennoiserie, pâtisserie, dessert lacté. En revanche, le grignotage de produits sucrés et la consommation de boissons sucrées sont très déconseillés.
- La part des glucides doit être réduite : FAUX. Réduire les glucides, c'est augmenter la part des lipides, dont les acides gras qui sont à l'origine de la résistance à l'insuline. Les glucides doivent représenter au moins 50 % des apports nutritionnels quotidiens.
- Les aliments pour diabétiques sont indispensables : FAUX. Ils sont plus gras quand ils sont moins sucrés (ce qui n'est pas toujours le cas), et le grignotage de ces produits n'est pas plus indiqué que celui de n'importe quel aliment. La fausse sécurité à laquelle ils font croire conduit à bien des abus plus dangereux que le petit plaisir occasionnel. Rien ne remplace un régime naturel bien équilibré.