Prédiabète et insulinorésistance

Sommaire

Piqûre d'insuline

Le diabète de type 2 peut être précédé d'un état particulier, appelé prédiabète, qui correspond sur le plan physiologique à une insulinorésistance, c'est-à-dire une résistance à l'insuline.

Le prédiabète est un phénomène de plus en plus fréquent dans les sociétés industrialisées, combinant une mauvaise alimentation à une forte sédentarité.

Plusieurs causes et facteurs de risque peuvent conduire à l'insulinorésistance, un état prédiabétique qui doit être détecté, pris en charge et surveillé de manière adaptée.

Qu'est-ce que le prédiabète ?

Définition du prédiabète

Le prédiabète n'entre pas dans la définition-type d'un diabète sucré. Il correspond à un état où les glycémies (taux de glucose dans le sang) sont plus élevées que la normale, sans l'être suffisamment pour diagnostiquer un diabète. En pratique, on parle de prédiabète pour des glycémies à jeun comprises entre 1,10 et 1,25 g/L de sang (normes de l'OMS).

70 % des personnes présentant un prédiabète développeront un diabète de type 2 (les personnes diabétiques de type 1 ne passent jamais par un état prédiabétique) et tous les diabétiques de type 2 sont passés par une phase de prédiabète plus ou moins longue.

La détection et la prise en charge du prédiabète sont donc essentielles dans la prévention du diabète de type 2. 

Prédiabète et syndrome métabolique

Le prédiabète est très souvent associé à un syndrome métabolique. Ce dernier correspond à la présence simultanée chez une personne de plusieurs troubles physiologiques :

En cas de syndrome métabolique associé à un prédiabète, le risque de développer un diabète de type 2 est multiplié par 10 par rapport à une personne en bonne santé. Par ailleurs, le syndrome métabolique traduit généralement une inflammation et une dysbiose intestinale (déséquilibre de la flore intestinale).

Le syndrome métabolique est également un facteur de risque de pathologies cardiovasculaire (risque augmenté de 37 %) ou d'accidents cardiovasculaires :

Bon à savoir : en cas de prédiabète et de pathologie cardiovasculaire associée, le risque de mortalité à 3 ans est augmenté de 36 %.

Les accidents cardiovasculaires ne sont toutefois pas les seuls risques, puisqu'un syndrome métabolique peut aussi entraîner des complications graves du diabète à moyen et long termes.

En conséquence, la prise en charge du prédiabète et du syndrome métabolique impose un changement des habitudes alimentaires et du mode de vie, ainsi qu'une surveillance régulière de la glycémie.

Le prédiabète : une forme d'insulinorésistance

L'insuline et la régulation de la glycémie

L'insuline est une hormone produite par des cellules spécialisées, présentes et secrétées par le pancréas, au niveau des îlots de Langherans.

L'insuline est la principale hormone de régulation de la glycémie dans l'organisme. Les glucides, consommés au cours d'un repas sous la forme de féculents, fruits, sucreries, etc., sont digérés par le tube digestif et libèrent du glucose, qui passe dans la circulation sanguine : c'est le pic de glycémie.

L'insuline va alors se fixer à certaines cellules (au niveau des muscles, du foie ou des tissus graisseux) pour y faire entrer le glucose :

  • Elle permet de maintenir un taux de glucose sanguin fixe en dehors des repas, entre 0,8 et 1,2 g/L.
  • Son action est qualifiée d'hypoglycémiante : littéralement, « qui fait baisser la glycémie ».

Définition de l'insulinorésistance

L'insulinorésistance est le processus au cours duquel les cellules du corps deviennent résistantes à l'action de l'insuline.

Cela veut dire en pratique que la réaction normale des cellules à la présence d'une certaine quantité d'insuline se réduit et devient anormale, entraînant une élévation de la glycémie, d'abord dans des limites acceptables (le prédiabète), puis dans des valeurs pathologiques, c'est l'apparition d'un diabète de type 2.

Un ensemble de causes ont été identifiées, parmi lesquelles des facteurs génétiques. Couramment, l'insulinorésistance est observée dans les états physiologiques suivants, qu'ils soient chroniques ou transitoires :

  • au cours du syndrome métabolique ;
  • en cas de surpoids ou d'obésité, en particulier en cas d'obésité abdominale (excès de tissu adipeux intra-abdominal) ;
  • au cours de la grossesse, l'insulinorésistance étant l'une des principales caractéristiques du diabète gestationnel ;
  • au cours de certaines infections virales, comme l'hépatite C ou l'infection par le VIH (Virus de l'Immunodéficience Humaine) ;
  • au cours d'un stress intense (au cours d'un séjour en réanimation, par exemple) ;
  • dans le cadre d'une corticothérapie, puisqu'on retrouve dans les diabètes cortico-induits une diminution de la sécrétion d’insuline et un défaut d’action de celle-ci sur les tissus cibles (foie, muscles et cellules graisseuses).

Bon à savoir : on observe également une augmentation du risque d'insulinorésistance chez les consommateurs de tabac et aussi bien chez les fumeurs actifs qu'en cas de tabagisme passif.

Que se passe-t-il en cas d'insulinorésistance ?

En cas d'insulinorésistance, les cellules normalement sensibles à l'action de l'insuline ne répondent plus correctement à l'action de l'hormone : le glucose n'entre plus suffisamment dans les cellules et la glycémie augmente.

Lorsque les épisodes d'hyperglycémie se répètent régulièrement sur une longue période, le pancréas est sollicité pour produire de plus grandes quantités d'insuline, afin de réduire la quantité de glucose dans le sang. Cela est dû au fait que l'organisme présente une moins bonne sensibilité à l'insuline, de sorte qu'une plus grande quantité devient nécessaire pour faire pénétrer le glucose dans les cellules. 

Au bout d'un certain temps, la production d'insuline en grande quantité empêche également la dégradation des graisses, de sorte que des molécules adipeuses s’accumulent dans le sang, provoquant parallèlement des troubles lipidiques.

Le pancréas est ainsi mis à rude épreuve et s'épuise. Il finit par ne plus être capable de répondre à la demande croissante en insuline. Lorsque la production d'insuline est affectée, le prédiabète, marqué par l'insulinorésistance, se transforme en diabète de type 2.

L'insulinorésistance est ainsi étroitement liée au diabète de type 2, comme en témoignent les exemples suivants :

  • l'insulinorésistance est présente chez la plupart des patients atteints de diabète de type 2 ;
  • la présence d'une insulinorésistance est un facteur prédictif de l’apparition d’un diabète de type 2 ;
  • l'insulinorésistance est fréquemment retrouvée dans l'entourage familial d’une personne atteinte de diabète de type 2.

Bon à savoir : l'insulinorésistance est souvent associée au syndrome métabolique. En effet, celui-ci prédisposerait à l’apparition d'une résistance à l'insuline.

Traiter le prédiabète pour prévenir le diabète de type 2

Hygiène de vie et prédiabète

Le traitement du prédiabète, et donc de l'insulinorésistance, passe tout d'abord par le respect de certaines règles hygiéno-diététiques, qui concernent particulièrement :

  • une perte de poids pour les personnes en surpoids ou obèses, et un contrôle du poids (une perte de poids de 15 % ou plus a le potentiel de ralentir la progression de la maladie et même d’entraîner une rémission chez certains patients) ;
  • la lutte contre la sédentarité, passant notamment par une diminution du temps passé à rester assis ;
  • la pratique d'une activité physique régulière et adaptée (l'équivalent de 30 minutes de marche quotidienne ou de 150 minutes par semaine réparties sur plusieurs séances) ;
  • le respect d'une alimentation saine et équilibrée, si besoin avec un suivi diététique et nutritionnel adapté ;
  • le sevrage tabagique ;
  • la prescription de certains médicaments antidiabétiques oraux, le cas échéant ;
  • la prise de spiruline (4 g par jour), celle-ci améliorant de façon significative la glycémie à jeun tout en faisant légèrement baisser l'insuline et le taux des lipides ;
  • dans le même ordre d'idée, la bergamote, disponible sous forme de jus, d’huile essentielle ou d’extrait enrichi en flavonoïde, améliore considérablement la glycémie et la résistance à l’insuline ;
  • la consommation quotidienne de 500 mg de cannelle permettrait de limiter la hausse de la glycémie après les repas et de la ramener plus rapidement à son niveau de référence ;
  • le safran serait capable de moduler les niveaux de glucose et d'agir sur la pro­duction de cytokines pro-inflammatoires responsables des problèmes de diabète.

Compte-tenu du risque majeur que le prédiabète évolue en diabète de type 2, une surveillance médicale régulière, et en particulier une surveillance de la glycémie et des paramètres métaboliques, est nécessaire. En cas de doutes ou de symptômes inhabituels, consultez rapidement votre médecin généraliste.

Bon à savoir : le yoga réduirait de moitié les risques de diabète chez des personnes prédiabétiques à haut risque de diabète après seulement trois mois de pratique (source : Nagarathna R et coll.: Diabetes Prevention through Yoga-Based Lifestyle : A Pan-India Randomized Controlled Trial. American Diabete Association - 79th Scientific Sessions (San Francisco, Californie) : 7 -11 juillet 2019).

Prévention du prédiabète

Les personnes à risque doivent faire l'objet d'une attention particulière, et ce, dès le plus jeune âge. Ainsi, le surpoids à l'âge de 7 ans est associé à une forte augmentation du risque de diabète de type 2 à l'âge adulte, si le surpoids persiste jusqu'à la puberté.

En revanche, le risque peut être atténué grâce aux mesures de prévention :

  • le maintien d'un poids corporel normal ;
  • une alimentation saine et équilibrée, avec des apports contrôlés en graisses, en sel et en sucres, ce qui permettra aussi de corriger une dysbiose intestinale (avec l'aide de probiotiques ou en réalisant une transplantation de microbiote fécal);
  • un mode de vie actif, non-sédentaire, avec une activité physique régulière ;
  • l'arrêt du tabac le cas échéant ;
  • le traitement d'éventuelles maladies parodontales ;
  • la prise de vitamine D : une étude montre qu'elle retarderait l'apparition du diabète chez les personnes en prédiabète (et elle renforcerait la probabilité d'un retour à une glycémie normale).

Parallèlement, il est nécessaire de prendre en charge de manière adaptée le syndrome métabolique, en particulier les troubles lipidiques et l'hypertension artérielle (certaines études montrent en effet que chaque élévation de 20 mmHg de la pression artérielle systolique serait associée à une augmentation de 77 % du risque de diabète de type 2).

Une alimentation équilibrée et un mode de vie sain sont impératifs. Des traitements médicamenteux spécifiques peuvent aussi être nécessaires pour contrôler l'hypertension artérielle (médicaments antihypertenseurs) et pour réguler le métabolisme lipidique (médicaments hypocholestérolémiants).

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