Quel lien entre diabète et acétone ?

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Piqûre d'insuline
 

Chaque personne produit une petite quantité de corps cétoniques, dont l'acétone, éliminés dans les urines. Chez les personnes atteintes de diabète, la production de corps cétoniques augmente à chaque fois qu'il existe une carence importante en insuline.

Le contrôle des corps cétoniques, présents dans le sang et les urines, fait donc partie du quotidien des diabétiques, pour éviter la survenue de symptômes caractéristiques de la crise d'acétone ou acidocétose. Un déséquilibre du diabète qui peut mener jusqu'au coma. 

L'acétone et les corps cétoniques

Au niveau du foie, se produit une réaction métabolique particulière de dégradation des acides gras contenus dans les lipides, la cétogenèse. Cette réaction conduit à la formation de trois composés appelés les corps cétoniques :

  • l'acétylacétate ;
  • l'acétone, le principal corps cétonique, qui est un composé acide ;
  • le béta-D-hydroxybutyrate. 

Ces composés produits au niveau du foie passent dans le sang, puis sont utilisés par les cellules pour produire de l'énergie ou pour synthétiser de nouveaux acides gras. En l'absence de toute pathologie, une partie des corps cétoniques est excrétée par les urines, à des taux indétectables par les tests urinaires de routine. 

En revanche, dans certaines situations, la concentration sanguine et urinaire en corps cétoniques peut augmenter :

À noter : lorsque les concentrations en corps cétoniques deviennent importantes, une partie est excrétée de l'organisme par voie respiratoire. Ce phénomène est à l'origine d'une haleine particulière, dégageant une odeur d'acétone très caractéristique. 

Crise d'acétone et acidocétose

Qu'est-ce que l'acidocétose ?

En cas de diabète de type 1 (ou plus rarement de type 2), les corps cétoniques peuvent s'accumuler dans l'organisme. La cétonémie (concentration de corps cétoniques dans le sang) et la cétonurie (concentration de corps cétoniques dans les urines) augmentent. Ce phénomène est appelé une crise d'acétone ou acidocétose. Elle est provoquée par une carence profonde en insuline, révélant plusieurs jours ou semaines de troubles métaboliques sévères. 

Sur le plan physiologique, la crise d'acétone ou acidocétose est marquée par une accumulation de substances acides dans l'organisme. Selon l'importance de cette accumulation, trois stades de gravité sont observés par les médecins : 

Diabète et acidocétose diabétique

Lorsque le diabète est connu et bien contrôlé, les corps cétoniques sont présents en petites quantités, comme chez les personnes en bonne santé. En revanche, une crise d'acétone peut survenir en cas de déséquilibre du diabète, par exemple dans les circonstances suivantes :

  • un ou plusieurs repas manqués ;
  • une mauvaise gestion des doses d'insuline injectées ;
  • un jeûne ;
  • l'arrêt des injections d'insuline (refus de se soigner) ;
  • une infection provoquant de la fièvre, une diarrhée et/ou des vomissements ;
  • la survenue de certaines pathologies, comme une atteinte rénale ;
  • la prise de médicaments.

Bon à savoir : la crise d'acétone peut être le premier signe qui permet de diagnostiquer un diabète de type 1 chez l'enfant.

Dans le cas d'un diabète, l'acidocétose est le signe d’une hyperglycémie liée à un manque d'insuline et doit être prise au sérieux, car elle peut avoir de graves conséquences sur la santé :

  • La production d'acétone est normale à jeun ou suite à un effort physique intense, lorsque les réserves énergétiques sont épuisées.
  • Elle cesse normalement après un nouveau repas, à condition que le corps soit capable de produire suffisamment d'insuline, l'hormone qui sert à faire entrer le glucose dans les cellules.
  • Lorsque la quantité d’insuline est insuffisante ou mal régulée comme chez le patient diabétique, l'organisme utilise des graisses de réserve pour obtenir le carburant nécessaire à son fonctionnement.

L'insuffisance des taux sanguins d'insuline, à l'origine de l'acidocétose diabétique, se produit quand le pancréas n'en secrète pas suffisamment (diabète de type 1) ou quand l'insuline produite est sous-utilisée ou mal régulée (diabète de type 2). Normalement, le traitement du diabète permet de limiter le risque d'acidocétose, sauf en cas de déséquilibre du diabète. 

Symptômes de l'acidocétose

La nature et l'intensité des signes cliniques dépendent de l'accumulation des corps cétoniques dans l'organisme. Les symptômes suivants peuvent être observés :

  • des nausées et des vomissements ;
  • des urines fréquentes et abondantes ;
  • une soif intense ;
  • une perte d'appétit ;
  • une perte de poids ;
  • une importante fatigue ;
  • une agitation, une anxiété ou parfois, à l’inverse, une somnolence ; 
  • des troubles de la conscience pouvant aller jusqu'au coma. 

La survenue de signes évocateurs doit amener le patient diabétique à consulter rapidement un médecin. Il est, en effet, impératif de vérifier le contrôle du diabète, avant le stade du coma acidocétosique, qui est une urgence médicale. 

À noter : dans le mois qui suit un épisode d'acidocétose, le taux de mortalité est de 1,2 % dans le diabète de type 1 et de 2,8 % dans le diabète de type 2 .

Dépistage et traitement de l'acidocétose diabétique

L'autosurveillance du patient diabétique est essentielle dans le dépistage de l'acidocétose via :

  • le contrôle systématique de sa glycémie (autosurveillance glycémique) ;
  • au-delà d'une glycémie à 2 g/l, la recherche de corps cétoniques dans les urines doit être effectuée ;
  • tout patient souffrant d'une crise d'acétone doit être hospitalisé et traité par l'administration d'insuline à action courte, de sérum physiologique additionné de glucose et de potassium.

Les diabétiques sont amenés à utiliser régulièrement (en général une fois par semaine) des bandelettes urinaires capables de détecter la présence de glucose dans les urines (glycosurie) ainsi que la présence de corps cétoniques (cétonurie). Si la bandelette urinaire est positive, il est nécessaire de consulter un médecin pour des analyses complémentaires. 

Toutefois, les recommandations des experts de l’European Association for the Study of Diabetes (EASD) indiquent qu'il est préférable de privilégier le dosage du bêta-hydroxybutyrate, principal corps cétonique produit lors de l’acidocétose, avec un seuil fixé à 3 mmol/L. En effet, avec les bandelettes urinaires, le résultat peut être faussé par certains médicaments.

Aujourd'hui, certains appareils utilisés pour l'autosurveillance glycémique sont également capables de détecter la présence de corps cétoniques en quantité anormale dans le sang. Ces appareils sont particulièrement utiles chez les personnes dont le diabète n'est pas encore parfaitement stabilisé par le traitement ou qui présentent des difficultés à respecter leur traitement contre le diabète.

On peut citer des systèmes de mesure du glucose, comme le CGM (Continuous Glucose Monitoring, mesure en continu) ou le FGM (Flash Glucose Monitoring, à la demande). Lors de l’étude française Relief, l’emploi d’un FGM a permis de réduire de 56,1 % le taux d’acidocétose chez les patients atteints de diabète de type 1, de 52,1 % celui lié à un diabète de type 2 (source : Roussel R et al., Diabetes Care, juin 2021).

Diabète et prévention de l'acidocétose

Le contrôle du diabète constitue le meilleur rempart face au risque d'acidocétose diabétique. Le respect du régime alimentaire préconisé par le diététicien et le suivi scrupuleux des traitements prescrits par le médecin et/ou l'endocrinologue sont essentiels pour limiter le risque de crise d'acétone.

Par ailleurs, tout changement dans les habitudes de vie (alimentation, activité physique, état de santé) doit amener le patient diabétique à contrôler la présence de corps cétoniques dans les urines ou le sang

N'hésitez pas à demander conseil à votre médecin ou votre endocrinologue et à consulter en cas de premiers symptômes évocateurs d'une crise d'acétone.

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