Respiration ou dyspnée de Küssmaul

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Un médecin écoute le coeur d'un patient Getty / Paul Bradbury

Éprouver des difficultés respiratoires est un symptôme qui peut avoir des origines très différentes (infection, maladie, etc.), mais qui peut aussi se manifester sous des formes variées (de la simple gêne respiratoire à la sensation d'étouffement).

Découvrons l'une d'elles, la respiration de Küssmaul, encore appelée dyspnée de Küssmaul, qui peut affecter certains sujets diabétiques.

Qu'est-ce que la respiration de Küssmaul ?

La respiration de Küssmaul, ou dyspnée de Küssmaul, est un symptôme se matérialisant par une respiration plus rapide que la normale (c'est une polypnée, c'est-à-dire une augmentation de la fréquence respiratoire), laborieuse (elle demande un effort au patient), très profonde et régulière, qui se manifeste chez des patients parfois inconscients.

Elle porte le nom du médecin allemand qui l'a décrite pour la première fois à la fin du XIXe siècle, Adolf Küssmaul.

Ce type de respiration survient généralement après une phase de respiration superficielle et rapide, et traduit une aggravation de l'état de santé. Elle se décompose en quatre phases caractéristiques :

  • le patient inspire profondément de l'air ;
  • il coupe sa respiration (pause respiratoire) ;
  • il expire brièvement et avec difficulté ;
  • il finit en faisant une nouvelle pause respiratoire.

La vitesse de la respiration est variable : dans la plupart des cas, la respiration de Küssmaul est plus rapide que la normale, mais elle peut aussi être plus lente chez certaines personnes.

Respiration de Küssmaul et diabète

La respiration de Küssmaul n'est pas un symptôme spécifique du diabète, mais elle peut être un signe caractéristique de l'une des complications du diabète, l'acidocétose.

Ce type de respiration s'observe lorsque le patient est dans un état d'acidose métabolique sévère. En temps normal, le pH du sang avoisine la valeur de 7,4, il est donc légèrement basique (un pH neutre est de 7, il est basique au-delà, acide en dessous). Lorsque le pH du sang diminue, on parle d'acidose.

L'acidose peut avoir deux origines, respiratoire ou métabolique. La dyspnée de Küssmaul est associée à l'acidose métabolique, c'est-à-dire à l'accumulation dans le sang de substances acides. L'organisme cherche alors à rééquilibrer le pH sanguin en se débarrassant de l'excès d'acidité. L'une des solutions est une compensation respiratoire, la dyspnée de Küssmaul, visant à éliminer une plus grande quantité de dioxyde de carbone qu'avec une respiration normale.

Toutes les situations pathologiques susceptibles de provoquer une acidose métabolique sévère peuvent être à l'origine d'une respiration de Küssmaul, notamment les situations suivantes :

  • L'acidocétose diabétique : elle survient le plus souvent en cas de carence sévère en insuline, chez les personnes atteintes de diabète de type 1, mais elle peut également s'observer chez un sujet diabétique de type 2. Lorsque l'organisme manque d'insuline, le glucose ne peut pas pénétrer dans les cellules pour produire de l'énergie ; l'énergie est alors extraite des graisses, mais ce processus donne naissance à des composés nocifs, les corps cétoniques (comme l'acétone), qui acidifient le sang. Parmi les symptômes de l'acidocétose diabétique, se retrouvent la respiration de Küssmaul et l'odeur particulière de l'haleine (odeur de pomme). Si elle n'est pas corrigée rapidement, l'acidocétose diabétique peut conduire à un coma hyperglycémique. 
  • L'acidose lactique, liée à un excès d'acide lactique dans le sang et qui peut avoir de multiples origines : la prise de certains médicaments (les biguanides et la metformine chez les patients diabétiques de type 2), une maladie du foie (hépatite, cirrhose), un état de choc, une anémie, etc.
  • L'insuffisance rénale : à ce stade, les reins ne sont plus en mesure d'éliminer les déchets acides qui s'accumulent dans l'organisme.
  • Un épisode de diarrhées sévères, par exemple en cas de gastro-entérite grave, qui conduisent à une élimination très importante de composés basiques, les bicarbonates.

La respiration de Küssmaul peut également s'observer lors de certaines infections, comme la pneumonie ou la péritonite (qui entraîne une inflammation de la membrane qui entoure les viscères).

Traitement de la respiration de Küssmaul

La dyspnée de Küssmaul est un symptôme très sérieux, qui témoigne d'une situation particulièrement sévère pour le patient. Elle nécessite une hospitalisation en urgence dans un service de réanimation. Chez le sujet diabétique, elle peut constituer l'un des signes annonciateurs ou caractéristiques d'un coma diabétique

L'objectif de la prise en charge n'est pas de traiter isolément le trouble respiratoire, mais d'en résoudre la cause. Il est alors nécessaire de déterminer l'origine de la respiration de Küssmaul en procédant à différents examens, notamment une analyse des gaz du sang. L'observation d'une dyspnée de Küssmaul chez un patient diabétique oriente rapidement les médecins vers une acidocétose diabétique. Ce signe peut également être observé au moment du diagnostic du diabète de type 1. 

Une fois identifiée, la pathologie en cause est prise en charge de manière adaptée. Le trouble respiratoire disparaît de lui-même, une fois la cause traitée. Par exemple, pour un patient diabétique, le traitement consiste en l'injection d'insuline, de glucose et de potassium.

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